25 oct. 2019 par Monsieur Bulles
Il y a trois semaines à Montréal se tenait Le Jugement de Montréal, une dégustation annuelle lancée par le Raspipav il y a 9 ans.
Le Raspipav est l'association des agences de vins d'importation privée au Québec qui tient son salon chaque fin d'octobre à Montréal au Marché Bonsecours. C'est lui qui a permis de faire connaître aux consommateurs québécois la plupart de ces vins encore marginaux; les biody, les macérations pelliculaires, les pet'nat et j'en passe. C'est lui qui a poussé la SAQ à s'y intéresser.
Je ne vais pas revenir ici sur les résultats de cette dégustation 2019 de vins oranges, vous pouvez les découvrir
ici.
Par contre, je reviens sur les échanges du jury qui ont eu lieu après cette compétition. Plusieurs constats ont été faits :
- les vins oranges sont encore méconnus du grand public,
- ils font saliver la jeune sommellerie actuelle parce que c'est à elle que les vignerons s'adressent,
- les vins oranges ont une polyvalence en matière d'harmonies culinaires qui facilite le travail du sommelier face à au client qui ne sait pas se décider pour un blanc ou pour un rouge.
Alors qu'il était délicat de le soulever, j'ai suggéré à mes collègues journalistes et sommeliers présents, que le vin orange était peut-être attrayant auprès des jeunes sommeliers et des nouveaux consommateurs parce que, plus simplement, ces derniers n'avaient jamais pu déguster les grandes signatures de vins dit classiques !
Vous savez, tous les grands crus classés du Bordelais ou de la Bourgogne, les grands noms toscans, piémontais, castillans, rhodaniens ou ligériens, les étiquettes illustres de Californie, d'Australie ou du Chili.
Je ne vais pas les citer, vous les connaissez par coeur...
Ils n'en ont jamais bu de ces vins là !
Que ce soit au cours de leurs études ou actuellement, dans leur début de carrière professionnelle, ils ne peuvent pas les déguster ces grands noms.
Simplement parce qu'ils sont devenus inabordables ces grands noms, indécemment inaccessibles ces grandes étiquettes renommées !Alors que certaines écoles hôtelières trouvaient encore le budget pour faire découvrir à leurs élèves un pinot noir du Clos de Vougeot, un merlot signé de St Émilion, un Premier Cru classé du Médoc, une pointure toscane ou même, une syrah bien née de la Barossa ou un nebbiolo d'une ancestrale famille piémontaise, il est aujourd'hui impossible d'initier avec les vins qui ont séduit les générations antérieures de sommeliers.
Il n'y aura jamais de grands vins oranges, il y en aura des excellents et des mauvais.
On en verra de très rares. Toutefois, cette rareté aura été acquise par le prix affiché et demandé.
Pas par leur constance de qualité et de style. Certains sont déjà excessivement dispendieux.
Leur rareté ne sera pas établie par leur histoire dans le temps...
Comme les vins effervescents, les vins oranges sont, selon moi, une solution pratique, fiable et solide pour remplacer un vin blanc ou un vin rouge dans un accord délicat à table.
Et c'est bien pour cela que le vin orange a de l'avenir.
Parce qu'il étonnera toujours le dégustateur ouvert d'esprit.
Qu'il soit salin ou oxydatif le vin orange, il soulèvera la curiosité, il provoquera les conversations.
Et rien que pour cela, il a sa place à table.
N'est-ce pas là que les meilleurs échanges se font ?